Un silence sourd aux gémissements
De vieux vautours vraiment repus de sang
Et quelques milliards de vrais morts
Au cimetière délivrés de leur sort
Ont été mes fantastiques maîtres
De leçons apprises à la lettre
Où il est question d'horribles monstres
Dont je serais, hélas, l'unique cible!
Depuis, j'ai quitté le cimetière
Pour me balader sur la belle terre
Entendre les chants et les louanges
Sans jamais voir aucun mauvais ange.
Mais jamais je n'ai entendu de joies,
De bonheur ou de volonté claire
Même dans les rêves populaires
Ou les multitudes d'inutiles lois.
Voilà pourquoi je m'en suis retourné
Dans mon cimetière bizarrement peuplé
De toutes les peurs les plus refoulés,
Et alors je me suis demandé
Comment mes maîtres d'antan
Peuvent tant gêner le monde de la joie
Confinés comme ils sont dans
mon vieux moi Natal.
Je suis pourtant assez enfant
Pour savoir qu'avant les fausses questions
Le bonheur nous submerge sans se nommer
Et il nous fuit dès que nous le cherchons
Laissant derrière mes amis du cimetière...
Ces ténébreux professeurs
Auraient-ils un jour peur
Que je n'oublie Leur vision morbide de la vie?
Hé! Je n'ai jamais compris
Cette manie de donner leçon;
Alors j'ai oublié ces tristes sons
Pour composer une ode à la vie!
O toi, que j'espère attentif lecteur,
Ne jouerais-tu pas l'humble initié
Pour gagner une part de fierté,
Devenant ainsi devant tous le penseur?
Car belle et utile est la poésie
Quand on veut séduire la compagnie...
Pourtant, pauvre et ridicule est le poète
Quand il doit vivre de quelques piécettes...
O peuple désireux de s'abrutir dans le plaisir,
O peuple envieux de quelques chanceux stupides,
Je vous dis: aucun de vous ne veut rugir
De peur de perdre cette vie trop rapide!
La quête de l'homme suit les vagues du bonheur,
La science et la puissance n'ont plus de valeur,
Même l'artiste se pervertit pour être reconnu
De tous ceux qui n'ont jamais rien vu...
De nouvelles formes de paradis artificiels
Se rapprochent si bien du plaisir personnel
Que beaucoup y succombent, peut-être fous
Mais sûr que la vie ne vaut pas un absurde clou!
De tous les hommes, les optimistes
Sont les moins réalistes, et le fataliste
Acquiert la notoriété du faux prophète
Alors que se meurt le vrai poète
Comme la chaleur brûlante du désert
Ne sera jamais contenu dans mes vers,
Je m'incline devant votre imagination,
Meilleure que toutes mes inspirations:
Alors, imaginez la solitude de l'être
Entouré de la froideur figé de ses guêtres
Plongé dans un horrible désespoir,
Qu'il ressasse, baigné dans le noir.
Avez-vous assez imaginé?
Vous avez ressenti la sordide réalité
Depuis longtemps cachée
Par de simples visions télévisées.
Inconnue, toi dont les yeux m'attirent,
Dis-moi quel est ton nom, ton envie?
Jeune, mûre, si différente mais toujours attirante,
Devant toi, je ne suis qu'espoir fou et timide.
Chevelure, formes pleines et douces, tendresse,
Devant l'homme tu es si grande, si forte...
Sans toi, il n'est rien, avec toi il rayonne!
Fierté, force et puissance, il pense être le meilleur.
Mais toi dont l'énergie s'épuise trop vite,
De peur de vieillir, tu te conserves sans aimer;
Tu préfères te regarder que de te laisser voir;
Et des intérêts des hommes, tu ne retiens que les compliments;
Pour ne pas mourir, tu préfères ne pas vivre.
Le départ d'un ami
N'a vraiment aucun prix.
Mais que pouvons nous pour lui?
Prier ou penser à lui...
Ami pourquoi partir?
Pourquoi ne pas revenir
Avec tous tes amis,
Nous tous, ne pouvons rien.
Impuissant, nous assistons à ton saisissement
Mais tu resteras ici,
Avec tous nos esprits.
Ici se finit
La complainte pour un ami.
MAIS POURQUOI DONC N'AVEZ-VOUS RIEN COMPRIS?
Enfant, j'étais plus qu'heureux
De petites joies, de petits jeux,
De petits pleurs, de petits cieux,
Pourtant, je ne voyais qu'eux.
Une fois grand, je ne regrettais qu'eux,
Pensant: pourquoi vouloir être heureux?
Cherchant dans la mort quelques jeux,
Pleurant sous quelques nouveaux cieux.
Se pavanait un cygne, entre les vagues lentes,
Renforçant par sa présence le caractère extraordinaire
De ce magnifique paysages de nos enfers.
Comme si, seul au monde, il ignorait la rage.
Seul, dénigré, et pourtant si blanc, il pleurait souvent,
Diluant d'eau transparente le rouge sang...
Il fit silence et montre de sa belle paix
A tous ses loups qui espéraient un beau repas:
Ils reculèrent pourtant devant sa grâce, mais pas à pas...
Mais il n'avait pas de sève. Pour rougir tout ça.
Affrontements terribles de philosophies tout aussi harmoniques;
Pourquoi ne pas rester dans la vacuité
Au lieu de nous perdre dans des dédales inutiles et sadiques
Vous feriez mieux de nous montrer nos erreurs pour nous guider!
Mafia; tueurs; dictateurs; profiteurs; pornocratie;
Ne sont-ce pas de ridicules erreurs?
Politiciens insouciants ou irresponsables, égoïstes sans peur,
Quel est donc votre but? L'entropie?
Voyez-vous cela? Il n'y aurait que des égoïstes!
Dès l'opulence, ils oublient la misère
Et préfère ne rien faire que d'aider leurs frères...
Expliquez-moi comment ne pas être pessimiste?
Sur le versant de la montagne humaine,
En contemplant les vastes plaines,
Quiconque peut regarder la haine
De ceux qui ont découvert la peine.
De petites différences
Ont été les offenses
Dénuées de sens
Pour les froides lances...
Que d'aucun ne se lamente
Car chacun nourrit cette envie latente
De changer cette vie lent
En un uniforme qui chante.
Alors vous serez aussi les responsables,
Seuls destructeurs du viable,
Incarnant le diable
Insensible aux modernes fables.
Jamais tu ne tueras
Toujours tu tortureras
Électriques, acides, saignées, sales rats;
De toutes ces visions tu te délecteras
Comme un vulgaire porc gras
Qui depuis longtemps renie
Son père ingrat.
Un dieu horrible d'un monde effrayant
Peuplé de légions immondes de sang
S'unissant dans d'indicibles messes
Plus atroces que les délires d'un fou,
Ne pourra jamais éclipser le Vampire
Alliant sa divinité aux humains désirs
Les plus refoulés. Car seuls les plus forts
Savent se jouer de notre corps.
Rien n'est pire, pour votre bonheur,
Qu'un vampire, suçant votre coeur.
Sous toutes ses formes surnaturelles
Il sera comme la belle;
Et nous serons à l'appel
Toutes les nuits de son règne.
Rien n'est pire, pour votre bonheur,
Qu'un vampire, suçant votre coeur.
Prophétesse du carnage, la rage
Illumine ses tristes yeux
Quand il doit prendre le sang des pieux
Trop sûr d'être sages.
Rien n'est pire, pour votre bonheur,
Qu'un vampire, suçant votre coeur.
Personne ne le connaît
Mais tout coupable le reconnaît
Car parmi nous règnent ses avatars
Mais ce ne sont pas des bâtards!
Enfants de sang, groupes de fous
Déchiquetant avidement leurs proies
Dans un avenir toujours flou
Plein d'horribles tournois.
Ma pauvre soeur a peur des groupes,
Alors que tous veulent la prendre en croupe
Et je pleure de tous mes inutiles membres
Car à l'opinion et l'obligation je dois me rendre.
Crie donc, nous sommes seuls
Pleure donc, tu es seule
Ne parle pas, je suis le seul
Couche-toi, tu ne seras plus seule.
Un regard absent, hypocrite,
Des pleurs cachés, refoulés,
Une vie déjà prescrite:
Aucune capacité.
L'aide est présentée,
Jamais donnée,
Personne n'est réellement aidé
Car la confiance est impossible à créer:
Seule la vie est une terne activité.
Sans aucune joie,
Je suis devenu le roi
Reflet d'un ancien moi.
Mais maintenant
Je perds mon temps
Avec de petites gens
Amoureux du nouveau sang.
Les années s'envolent
Dans les réformes molles
Contre les révolutions folles
Engluées dans les billets de colles...
Notre reine s'adresse à moi
Et de sa main nonchalante
M'oblige à énoncer la nouvelle loi
Interdisant que je mentes
Hé, oui! Moi le prince de l'espoir
Je dois tenir mes promesses secrètes
Mes luisances dans le noir
Et même le tintement de mes piécettes!
La reine en a décidé ainsi
Après avoir bien compris ma convoitise pour son trône
Et la perte des valeurs qu'elle prône...
Je dois vous dire la vérité maintenant
Afin qu'en mon nom l'on ne répande plus le sang:
Voilà, je n'apporte rien que vous n'ayez déjà,
Si ce n'est rages, désespoirs et petites joies...
Moi, le prince, Moi, l'argent,
Moi, le beau billet, Moi, le lingot d'or,
Je déclare à tous ces gens
Honnêtement ce que réserve mon sort:
Je ne vous donnerais pas la mort...
Je vous réserve bien pire
Car en vous va éclore
Ma malédiction... Comme moi, vous serez Vampire!
Comme le serpent glissant doucement,
Le diable s'immisce dans nos rangs
Répandant les pensées du mauvais
Sous toutes les formes qui lui plaît.
Comme les cieux s'imposant
Le Dieu commun résultant
De toutes les lois de l'esprit
Qui aident les affaiblis
Comme l'homme montrant l'humilité
Notre égal commun incarne l'amitié
Qui permet tous les bonheurs
Cachés par les divins leurres.
_" O poète, révèle-nous la beauté,
Nous ne voulons plus de banalité!"
_"Regardez donc votre vie d'un oeil vif
Voyez vraiment combien vous êtes riches:
Chez vous se terrent joie et tristesse,
Femme, enfants vous remplissent de liesse
Pourtant vous ne voyez jamais rien
En détournant votre regard du bien."
Gloire a toi,
Au plus profond de l'humanité,
Que ton nom soit oublié,
Que ton règne ne soit plus éternel,
Que nos volontés puisse te dominer sans peine
Comme si nos forces n'étaient pas vaines.
Oublie-nous donc un jour
Et nous t'oublierons pour toujours,
Tu n'excuses aucune de nos offenses
Et encore moins ne leur donnes un sens.
Ne nous soumets pas à la tentation
Mais délivre-nous de tes idées si belles.
A jamais, non!
O poésie d'un monde oublié,
Réconforte le pèlerin fatigué,
Perdu dans un chemin sans retour,
Il te demande le réconfort d'un jour.
Ainsi va la peur l'angoisse et le vice,
Entouré seulement de complices,
Il vit pour faire mourir la société.
La légende de celui qui chantait
Dans nos âmes cloisonnés résonnait,
Et nos coeurs tout éplorés en criaient,
Mort ou vie, peu lui importait, il chantait!
Je dois vous parler une fois encore
Sans pouvoir vous connaître d'abord
Car de nouveau je ne peux plus rien faire
A cause du désordre de l'univers.
Alors devant vous, j'expose mon existence
Pour qu'un jour, j'y trouve un sens...
Pourtant, aucune requête ne devrait vous être adressé
Car vous avez tout un univers à gouverner.
Je pars en voyage
Espérant devenir enfin sage
Je vais dans l'inconscient sauvage
Pour y trouver les paysages
Des mes soudaines rages
Et prévoir mon temps volage.
Je ramènerais dans mes bagages
La solution de tous les âges
Bientôt inscrites dans ces pages
Que tu garderas en gage
Pour ne plus que je m'enfuisse de ta cage...
Une planète parmi tant d'autres,
Un homme parmi tant d'autres,
Une pensée parmi tant d'autres,
Un mort parmi tant d'autres.
Devenu plus froid que la pierre
Mon ami sans vie repose enfin
Dans son mystérieux cimetière
Où il sera libre de tout acte vain.
Moi qui pleure cet être cher,
Moi qui compose ces vers,
Je ne fais que penser à moi
Comme si ma vie avait plus de poids.
Le soir arrive et moi aussi je meurs,
Maintenant, il ne vient plus de pleurs,
Un voile s'étend sur mes pensées,
Occultant mes dérisoires facultés.
Qu'ai-je donc fait, O seigneur?
Suis donc sans horreur?
Non, Pourtant sereinement j'attends ma fin,
Car oublier n'est pas vain.
Sous le vieux chêne du jardin pleure ma fille,
Dans la chambre de son jeune fils maman pleure,
Dans le salon papa, assis, je pleure,
Sous la vieille terre du cimetière est mon fils.
Ce n'est pas une victoire involontaire
Il est parti, sûr de lui, comme un étranger,
Sans même avoir fini son grand inventaire,
Sûr de son acte, tenant de son père sa fichue fierté.
Il n'existe plus de silence pour nous tous,
Car il est devenu plein de sens,
A jamais, nous avons perdu ce combat-là,
Mais le temps nous aidera à en gagner d'autres...
Souvent je ne sais plus
Souvent je suis sans vue
Souvent je suis nu
Comme si je n'avais jamais su.
Alors je pleure sur mes horreurs
Alors je retrouve mes vieilles peurs
Alors je contemple les longues heures
Comme si j'avais trop de coeur.
Parfois je sens mes belles muses
Parfois je vois le bonheur qui fuse
Parfois je sais que je m'amuse
Comme s'il n'y avait plus de ruse.
Couche-toi ici, tu ne peux plus rien
Pourquoi continuer? Dune après dune, tu te meurs.
Seul>
Aventurier fou, oublie le goût du bonheur!
Visions, douleurs et désespoirs
Voilà tout. Pourquoi ne pas renoncer,
Chercher la douce chaleur du soir,
Le sommeil béni d'une mort désirée.
« Seul, perdu, brûlant sous l'infâme soleil,
Sans eau, j'espère subsister
Pour vivre connaître et aimer,
Conscient de l'inquiétude de mes pareils. »
Voix enchanteresse de l'homme pour l'homme
Rêve comblé par la simplicité du fou
Ainsi va l'aventure de l'homme
Qui rend le bonheur plus fort que tout.
Quelquefois dépourvu d'inspiration,
Perdu au milieu des créations
Je m'avance humblement
Sur les mille chemins du vent
Et alors surgissent les visions
D'un temps sans sons,
Et je m'étonne de la violence
De nos sensuelles existences.
Phélymène, gouvernante de mon esprit,
De toutes mes fiertés tu te ris
Étendu devant toi je suis soumis
A tous ces caprices te rendant si jolie.
Céleste, attirante à souhait
Laisse-moi boire de ton superbe lait
Répandant ainsi ta belle paix
Sur de pauvres enfants qui n'ont rien fait.
Vénus, toi qui peut éveiller en moi
Tous les instincts réprimés par les lois
Procurant pourtant de belles joies
Dans l'union et les sensuels débats.
Ma Muse, tu es la seule que j'aime
Vénus, Céleste et Phélymène
Ne peuvent me donner tout ce que tu sèmes,
Tout ce qui fait de moi un homme sans peine.
Dès que je me sens dégoûté
Je sors le chaudron brûlant
Qui réchauffera mon sang
Pour que viennes alors toutes les idées
Par les hommes toujours cachées
Derrière des illusions de société
Alors je regarde les gens
Défigurés par le vent
De la tornade aérée de mes pensées...
petite fille, ô fragile beauté,
Viens que je te lave les pieds,
Que j'entende ta douce voix
Sous l'ombre de ton inépuisable joie;
Je voudrais pouvoir te souhaiter
A jamais aussi heureuse de rester,
Je voudrais pouvoir croire
A l'impossibilité de broyer du noir,
Mais ton visage enfantin
Ton beau rire cristallin
Seront souvent banni
Par la tristesse de la vie:
Ton coeur souffrira,
Tu nous haïras
Nous, tes anciens
De ne pas avoir fait assez bien,
Et avec tes amis tu nous oublieras,
Avec tes amis, tu aimeras,
Et tu connaîtras la joie de vivre dans l'amour,
Et tu ne feras pas assez bien à ton tour,
Car entre la Cause et la Guerre
Entre l'été et l'hiver
Il y a le bel amour
Qui aux autres nous rend sourd...
La chaleur du bien-être monte doucement en moi;
Mes yeux me brûlent et mes pensées se changent
En images floues et lentes, pleines de grandes joies
Qui éclipsent l'horreur par le plus beau songe.
Mon rêve se monte petit à petit
Pour que viennes à moi une nouvelle vie
Peuplée d'abondances, d'aubades et de plaisirs
Plongés dans un bain éclatant de myrrhe.
Là, un immense trône se dresse au milieu
De colonnades, au sein desquelles chantent
De gigantesques flammes chatoyantes
Répandant des lumières de gens heureux.
Sur cette grande place, des milliers de danseurs fous
Savent évoluer avec les plus grandes beautés,
Dispersant autour d'un énorme trou
La symbolique harmonie du tout.
Mais des tambours retentissent avec fracas
Pour annoncer l'arrivée d'un messager
Qui laisse l'angoisse s'imposer
Avant d'annoncer
Que je suis maintenant le Dieu
Pouvant recréer le feu
Animant cet univers
Peuplés de rêves à faire.
Prenons un chat, plutôt noir,
Avec des yeux brillants le soir,
Dessinons-lui un fauteuil profond
Où toujours il sera blotti en rond.
Prenons des meubles, anciens de préférence,
Avec des angles défiant les sens,
Dessinons-leur une chambre luisante
Où même leurs ombres seront rutilantes.
Prenons une entraînante musique,
Avec de beaux sons harmoniques,
Dessinons une belle boîte aux angles ronds
Où de petits danseurs s'agiteront.
Maintenant, dans cette petite chambre attendrissante
Amenons celui qui préoccupe nos attentes,
Celui à qui nous devons toutes les concessions
Nécessaire à son éducation.
Ah... Charisme chantant des enfants
Entourés de bons parents,
Tu es l'exemple sacré
Du bonheur tant espéré!
Un poème me rappelle
Ma tendre enfance
Sans aucun sens
Mais toujours si belle...
Toujours mélancolique
Je me rappelle les pleurs
Et les rires versatiles du bonheur
Toujours si magnifique...
beauté de l'innocence,
Étais-je donc si naïf?
Depuis, mon esprit vif
Du mot « tromper » m'a donné le sens...
Quand j'étais encore jeune et intrépide
Plein d'amour pour tout le monde et plus encore,
Je ne m'endormais qu'avec ma peluche d'or,
Mon assurance de sommeils jamais timide.
Ce mou compagnon, insignifiant en lumière,
M'a toujours rassuré dans les ténèbres profondes
Où toutes les ombres sont d'effrayantes serres...
Sitôt oubliées quand il cache ma tête blonde
Avec ses belles pattes de pur velours
Qui me dévoilent au matin un nouveau jour.
Mais depuis, j'ai grandi, et je l'ai oublié
Au fond d'un placard rempli>
Alors je me demande aujourd'hui
Si
Mes nouvelles nuits
Sont aussi tranquilles...
Car ma peluche dorée
Tout à l'heure retrouvée
M'a semblé sourire
A ce qu'elle a du lire
Dans mes yeux
De vieux peureux.
Un bourdon étrange se pose sur mon bras
Et c'est tout mon corps qui devient las
Pourtant ce petit-là ne mérite pas un tel combat
Car il n'est rien devant moi.
Et voilà qu'à moi vient un chat
Je suis pourtant loin d'être un rat
Alors pourquoi venir chez moi?
Mais qu'est-ce que cela?
Voilà donc que se pointe un roi,
Il a donc compris: je ne suis pas un fat!
Viens a moi, beauté,
Laisse-moi te contempler,
Pénétrer tous tes secrets,
Car je veux t'épouser a jamais!
Quand côte a côte,
On s'étend dans la faute,
Et réchauffés, réconfortés,
On se perd dans la nudité,
On s'aspire dans l'ire,
On s'aime, on s'étire...
Pour que viennes le moment
Où l'on répand le vrai sang.
Dans ce jugement dernier
Que le monde entier a décidé
A force de ne plus s'aimer
Et de préférer la pure vanité,
Il suffit de vous sacrifier
Sur l'autel du viable
Sans signer le pacte du diable
A qui tout le monde sait se fier.
Mais quand les pas de dragons résonneront
Quand les trompettes du ciel sonneront
Et que vers vous glisseront les tueurs,
Parierez-vous que vous n'aurez pas peur?
Un petit bébé inexpérimenté
Tient dans ses mains veloutés
Le globe délicat de la terre:
C'est le maître de l'univers.
Comme tout enfant curieux,
Il la tourne et la modèle
Pour qu'elle soit belle.
Ainsi, il est heureux.
Mais bien vite, il s'ennuie
De ce globe bien dur à former
Et avec un peu de doigté,
Réduit en bouillie
Nos si précieuses vies...
Après la fureur de l'été accablant
Vient la douceur automnale du vent
Dispersant les feuilles fatiguées,
Cadavres sentimentaux à vite oublier.
Et toutes les douces âmes
Secrètement l'acclament,
Même celles de ces femmes,
Qui, d'habitude,
Se pâment dans leur volontaire turpitude.
Voila les belles
Qualités
De la saison
A célébrer
Sans raison
Avant le gel.
Troublante forme mouillée
D'où sort le bel océan
De tes yeux bleus
Où baigne ta magnificence...
Tu te demandes le sens
De ces vers si pieux,
Piètres élans
De poète émerveillé?
C'est pour célébrer
La beauté du vent
Oubliée des gueux
Éperdus d'existence...
Viens ici, Reine de mes envies,
Viens régner sur toute ma vie,
Car jamais je ne pourrais t'oublier,
Alors viens m'embrasser...
Un jour où la pluie et le temps
Ne seront plus jamais changeants,
Un jour où le bonheur des gens
Restera à jamais constant,
Peut-être tu ne seras plus,
Peut-être quelques-uns t'oublieront.
Instinct de survie, instinct des rues,
Force des mauvais, désir des bons,
Tu nous abaisses.
Baignant dans les fleurs parfumantes,
Exposant voluptueusement son corps et ses forces,
Induisant les yeux à suivre ses pentes,
Elle les mènera dans la noire fosse.
Corps célébré à foison,
Jamais ils ne t'oublieront,
Et encore moins ce plaisir de roi,
Que tu leur accordes parfois.
Pourtant, ils te méprisent,
Ils se vantent d'imaginaires prises,
Et seuls quelques-uns te reconnaissent
Comme différent d'une paire de fesses.
Viendras-tu un beau jour,
Viendras tu m'aimer
Un beau soir d'été,
Me rassurer pour toujours?
Souvent je te pleure,
Je crie mon désespoir,
Je me fais horreur,
Seul, dans le noir.
Pourquoi toujours attendre
Ce jour tant désiré,
Tant de fois imaginé,
Où d'un regard tendre,
Tu me feras aimer
L'inconsciente humanité,
La folle vie
De la nuit...
Je sens en moi monter la joie,
De toutes mes victoires, c'est la plus belle.
Toujours, il faut des vassaux à un roi,
Mais ici, il n'y a que moi et elle.
Ce fut le plus beau de mes combats:
La peur, le doute furent mes compagnons.
Pourtant, c'est avec une grande joie
Que nous nous sommes trouvés dans l'union...
Mais, nous n'étions pas encore heureux.
Bientôt, le doute et la peur resurgissent.
Et l'attente fut encore pire.
Mais de nous naquit enfin l'Enfant victorieux!
Le sable s'écoule sinueusement
Comme un temps qui attend
L'arrivée des longues unités
Qui ne font que renforcer
Ces petites vies
Où l'on gémit...
Alors, chantons, buvons
En l'honneur d'Apollon!
Amusons les romantiques,
Étonnons les sceptiques,
Détruisons les philosophies,
Au nom sacré de la vie!
Illusions? Allons bon,
La vie est illusion.
Cloches sonnant
L'arrivée des armées
Victorieuses et joyeuses,
Enfant criant dans les rangs
De voir Papa enfin là,
Vieux peureux heureux de se rendormir;
Le cortège impressionnant de soldats fatigués par leur solitude
S'arrête enfin sur le bord du chemin trop étroit pour eux
Espérant autre chose que de simple vivats de ces rats,
Mais voilà l'ennemi déjà là,
Suivi d'un long combat,
Où l'on mourra
Sans vivats.
Car cloches, enfants, vieux s'apprêtent à accueillir;
Les autres soldats sont de faux souvenirs
Des rats sans droits
Mais libres, fier, courageux
Beaux et de ces rares bienheureux...
Longue allée pleine de pleurs
Resplendissant de ses mille horreurs,
Allée bien ordinaire comme il y en a cent,
Impressionnant les vivants,
A chaque pas gît l'infâme
Où un jour chacun se pâme,
Et où les morts vidés de leur sang
Ignorent toute idée de suaire décent,
Tu es la voie d'aujourd'hui,
Pleine du venin de la compétitivité
Et à jamais vide d'amitié,
Pourtant nécessaire à la moderne vie...
Que se rétablisse en nous le sang
Animant nos grands ancêtres
Envoyé depuis longtemps paître
Dans des musées peu flamboyant...
De toutes les absences,
C'est celle de l'existence
Que je regrette vraiment,
Car mon futur vacant
N'est plus le temps
Que je menais tranquillement:
Devant moi s'étend un trou
Se voulant ma destinée
Mais je ne suis pas fou
Je refuse alors, gêné
Par toutes mes peurs
Que chaque jour je pleure;
Devant un miroir
Je ne vois qu'un trou noir,
Alors que les autres me voient
Sans penser que je me noie
Mais viendra un jour béni
Où je parlerais avec un ami
De ces durs temps
Tout en rigolant...
Mais d'ici la
Je guette l'ami
Qui me parlera
D'autre chose que de sa vie.
Critique-moi
Toi
Le bourgeois
Toi qui sans cesse te remplit
De toutes ces immondices sans goût
Toi qui oublie
Si vite tous tes torts
Toi qui es si fort
Toi qui n'es jamais fou
Toi toujours plein de vie
Et Jamais ne se reproduit!
Encense-moi
Toi
L'ouvrier
Toi qui dit tout aimer
Alors que tu veux plus que l'égalité
Hé, oui! Tout ce que tu désires
Réside dans la bourgeoisie
Pourtant pour toi, il n'y a rien de pire
Mais tu voudrais tant être fortuné...
Jettes-toi
Toi
Le poète
Toi qui doit aimer, voir et souffrir
Toi qui ne sait que critiquer
Où te noyer dans la beauté
Laisse tout tomber
Ici, Il n'y a que l'hypocrisie...
Alcool
Nectar divin et commun
Ouvre donc le chemin
Des idées frivoles...
Mais qui es-tu?
Personne, car celui qui sait
Meurs la tête pleine de plomb...
Ne riras-tu jamais?
Le jour où nous oublierons
Nos si précieux abcès...
Écoute-donc ma belle histoire
Et tu comprendras mon avoir:
« Sous le rideau de velours pâle
Emblème de richesse et d'opulence
S'étend dans la magnificence
Un chétif petit animal
Une bougie l'éclaire avidement
Le rendant rouge sang.
Cet animal, de peur ne cille
Que devant ce qui brille
Le rideau l'attire et le caresse
Mais la bougie le transforme et l'agresse! »
Seul, je me baigne dans l'absurdité salissante
Où nagent ces créatures, horreur et mort,
Assoiffés de pauvres hères, oublié de la belle gente;
Ceux-là meurent vite de sécheresse humanisante.
Entouré d'amis, nous sommes tout intimité
Plein d'attention, de longues discussions et d'amusements
Peuplés d'heureux souvenirs, bizarres moments;
Ceux-ci oublient le temps et l'autre humanité.
Rempli>
Heureux à tous les instants près de la belle,
Elle-même étonné de ces grands sentiments;
Ils sont heureux jusqu'au bruit de la mortuaire pelle.
« ma reine, je vous prie de bien vouloir m'écouter
Car le peuple se meurt, les sages déjà sont partis.
Il ne reste plus que les fidèles et les dévoués...
Une terrible catastrophe, ô Reine de la vie!
_ Tes doléances ne m'intéressent pas,
Vil chien des rues, retournes dans ta tanière
Que je n'ai pas à user de mes rapières!
Tout ce que je veux, je l'aurai, je fais les lois ici-bas! »
Par Sa folie du pouvoir
Elle a tué sans même le voir...
Je te hais, muse inutile
Jouet de l'homme habile
Sans dignité, qui à toi,
Se soumet, paysan comme roi!
Je voudrais t'assassiner
Te massacrer sans peine;
Car dans tes mains dorées
Je me blottis, halluciné par ta beauté.
Toujours Tu brilles
De ta lumières noire
Pour que l'on écrive sous ta lueur trop vive
L'ode à la mort absurde,
Liturgie de la turpitude.
L'ennui de l'attente omniprésente.
Mornes pensées peuplant les moments
Pendant lesquels nous nous rongeons les sangs
Sans cesse, jusqu'à la venue du serpent
Celui qui inquiète même le plus innocent
Pourquoi donc devons-nous attendre?
Chacun connaît l'envie inssasissable d'agir
Au risque de rencontrer sa majesté le pire,
Ou d'être celui qui se prépare à se pendre...
Glissement incontrôlable du rêve
Poussant nos idées vers l'oubli>
De nos seuls moments de trêve
Vide de sens et si peu viable...
Vois, devant toi, cet ennui
Qui, tous les jours, te poursuit
Sans cesse, et brise ta vie,
Jusqu'a ce que, tout soit pis ou tant pis!
Noire volupté de la vie actuelle
Remplissant nos évolutions éternelles,
Tu es amour, attente de toujours,
Tu es bonheur, attente pleine de leurres,
Vois devant toi le temps, et sois patient...
Voila le vaisseau enflammé
qui luit dans le sombre miroir
De l'océan insoupçonné
De nos peurs du soir.
Quand le sombre équipage
descend lourdement sur le rivage,
Tous les chefs de la tranquillité
Montrent distinctement leurs lâcheté.
Seul, debout, sans armes,
Reste le poète, le fou, l'artiste
Qui n'est jamais défaitiste
De par sa vision atroce des jours sans larmes...
Alors que chacun cherche a se rassurer
Dans notre aventure dénuée de sens,
Alors que chacun perd son innocence
Pour accéder à sa petite vérité,
Les autres vivent dans l'amour, le vin, le sexe,
Dans une réalité où chacun se vexe,
Puis brise les illusions du bonheur
Pour que disparaissent ces fards d'horreurs,
On souffre, on pleure, on rit, on jubile,
On s'amuse des plaisirs les plus vils,
Chacun s'abîme dans un puits sans fond,
Ou s'adonne à d'hypothétiques passions.
Si un jour ces brouillards s'éclaircissent,
Alors replonges-toi vite dans ta narcisse
Enivre-toi, délivre-toi, brise ta vie,
Pour qu'il n'y ait plus jamais de nuits.