Les Larmes du désespoir

Mauvaises Leçons Le sens Égalité
Une femme Adieu Transfiguration
Cygne Erreurs Holocauste
Nosfer Belle Jeunesse Société
Présidence La loi Inactif prêcheur
La vue Notre Mal O ma chère
L'égoïste mort Peut-être Quelquefois
La tentation Visions du vent Inspiration
Pipe fumante Désolé fillette Songe d'un enfant seul
Milieu ... Sourire d'enfance
Ambition bizarre Inconnue Rouge
Pari Jeu de globes Silence saisonnier
Visage Concupiscence L'insoluble supériorité
Attends-moi La victoire Sérieux
Armée Moderne Prisonnier
Directitudes ersonnalitée Le bonheur de toujours
Krsytane Mémoire .
Exclu-visions Invitation

Mauvaises leçons


Un silence sourd aux gémissements

De vieux vautours vraiment repus de sang

Et quelques milliards de vrais morts

Au cimetière délivrés de leur sort


Ont été mes fantastiques maîtres

De leçons apprises à la lettre

Où il est question d'horribles monstres

Dont je serais, hélas, l'unique cible!


Depuis, j'ai quitté le cimetière

Pour me balader sur la belle terre

Entendre les chants et les louanges

Sans jamais voir aucun mauvais ange.


Mais jamais je n'ai entendu de joies,

De bonheur ou de volonté claire

Même dans les rêves populaires

Ou les multitudes d'inutiles lois.


Voilà pourquoi je m'en suis retourné

Dans mon cimetière bizarrement peuplé

De toutes les peurs les plus refoulés,

Et alors je me suis demandé


Comment mes maîtres d'antan

Peuvent tant gêner le monde de la joie

Confinés comme ils sont dans

mon vieux moi Natal.


Je suis pourtant assez enfant

Pour savoir qu'avant les fausses questions

Le bonheur nous submerge sans se nommer

Et il nous fuit dès que nous le cherchons


Laissant derrière mes amis du cimetière...

Ces ténébreux professeurs

Auraient-ils un jour peur

Que je n'oublie Leur vision morbide de la vie?


Hé! Je n'ai jamais compris

Cette manie de donner leçon;

Alors j'ai oublié ces tristes sons

Pour composer une ode à la vie!

LE SENS

O toi, que j'espère attentif lecteur,

Ne jouerais-tu pas l'humble initié

Pour gagner une part de fierté,

Devenant ainsi devant tous le penseur?


Car belle et utile est la poésie

Quand on veut séduire la compagnie...

Pourtant, pauvre et ridicule est le poète

Quand il doit vivre de quelques piécettes...


O peuple désireux de s'abrutir dans le plaisir,

O peuple envieux de quelques chanceux stupides,

Je vous dis: aucun de vous ne veut rugir

De peur de perdre cette vie trop rapide!


La quête de l'homme suit les vagues du bonheur,

La science et la puissance n'ont plus de valeur,

Même l'artiste se pervertit pour être reconnu

De tous ceux qui n'ont jamais rien vu...


De nouvelles formes de paradis artificiels

Se rapprochent si bien du plaisir personnel

Que beaucoup y succombent, peut-être fous

Mais sûr que la vie ne vaut pas un absurde clou!


De tous les hommes, les optimistes

Sont les moins réalistes, et le fataliste

Acquiert la notoriété du faux prophète

Alors que se meurt le vrai poète


EGALITE.


Comme la chaleur brûlante du désert

Ne sera jamais contenu dans mes vers,

Je m'incline devant votre imagination,

Meilleure que toutes mes inspirations:


Alors, imaginez la solitude de l'être

Entouré de la froideur figé de ses guêtres

Plongé dans un horrible désespoir,

Qu'il ressasse, baigné dans le noir.


Avez-vous assez imaginé?

Vous avez ressenti la sordide réalité

Depuis longtemps cachée

Par de simples visions télévisées.


UNE FEMME


Inconnue, toi dont les yeux m'attirent,

Dis-moi quel est ton nom, ton envie?

Jeune, mûre, si différente mais toujours attirante,

Devant toi, je ne suis qu'espoir fou et timide.


Chevelure, formes pleines et douces, tendresse,

Devant l'homme tu es si grande, si forte...

Sans toi, il n'est rien, avec toi il rayonne!

Fierté, force et puissance, il pense être le meilleur.


Mais toi dont l'énergie s'épuise trop vite,

De peur de vieillir, tu te conserves sans aimer;

Tu préfères te regarder que de te laisser voir;

Et des intérêts des hommes, tu ne retiens que les compliments;


Pour ne pas mourir, tu préfères ne pas vivre.


ADIEU. Lundi 9 mai 1994, A Justinio.


Le départ d'un ami

N'a vraiment aucun prix.

Mais que pouvons nous pour lui?

Prier ou penser à lui...

Ami pourquoi partir?

Pourquoi ne pas revenir

Avec tous tes amis,

Nous tous, ne pouvons rien.

Impuissant, nous assistons à ton saisissement

Mais tu resteras ici,

Avec tous nos esprits.

Ici se finit

La complainte pour un ami.

MAIS POURQUOI DONC N'AVEZ-VOUS RIEN COMPRIS?


Transfiguration.


Enfant, j'étais plus qu'heureux

De petites joies, de petits jeux,

De petits pleurs, de petits cieux,

Pourtant, je ne voyais qu'eux.


Une fois grand, je ne regrettais qu'eux,

Pensant: pourquoi vouloir être heureux?

Cherchant dans la mort quelques jeux,

Pleurant sous quelques nouveaux cieux.

CYGNE.

Sur cette rouge étendue bouillonnante

Se pavanait un cygne, entre les vagues lentes,

Renforçant par sa présence le caractère extraordinaire

De ce magnifique paysages de nos enfers.


Des reflets sanglants éclairaient ses yeux sages,

Comme si, seul au monde, il ignorait la rage.

Seul, dénigré, et pourtant si blanc, il pleurait souvent,

Diluant d'eau transparente le rouge sang...


Une fois sur le rivage, conscient des regards mauvais,

Il fit silence et montre de sa belle paix

A tous ses loups qui espéraient un beau repas:

Ils reculèrent pourtant devant sa grâce, mais pas à pas...


Sa mort fut brève. Ce fut un bon repas.

Mais il n'avait pas de sève. Pour rougir tout ça.

ERREURS.

Affrontements terribles de philosophies tout aussi harmoniques;

Pourquoi ne pas rester dans la vacuité

Au lieu de nous perdre dans des dédales inutiles et sadiques

Vous feriez mieux de nous montrer nos erreurs pour nous guider!


Mafia; tueurs; dictateurs; profiteurs; pornocratie;

Ne sont-ce pas de ridicules erreurs?

Politiciens insouciants ou irresponsables, égoïstes sans peur,

Quel est donc votre but? L'entropie?


Voyez-vous cela? Il n'y aurait que des égoïstes!

Dès l'opulence, ils oublient la misère

Et préfère ne rien faire que d'aider leurs frères...

Expliquez-moi comment ne pas être pessimiste?

HOLOCAUSTE

Sur le versant de la montagne humaine,

En contemplant les vastes plaines,

Quiconque peut regarder la haine

De ceux qui ont découvert la peine.

De petites différences

Ont été les offenses

Dénuées de sens

Pour les froides lances...

Que d'aucun ne se lamente

Car chacun nourrit cette envie latente

De changer cette vie lent

En un uniforme qui chante.

Alors vous serez aussi les responsables,

Seuls destructeurs du viable,

Incarnant le diable

Insensible aux modernes fables.

Jamais tu ne tueras

Toujours tu tortureras

Électriques, acides, saignées, sales rats;

De toutes ces visions tu te délecteras

Comme un vulgaire porc gras

Qui depuis longtemps renie

Son père ingrat.

Nosfer

Un dieu horrible d'un monde effrayant

Peuplé de légions immondes de sang

S'unissant dans d'indicibles messes

Plus atroces que les délires d'un fou,

Ne pourra jamais éclipser le Vampire

Alliant sa divinité aux humains désirs

Les plus refoulés. Car seuls les plus forts

Savent se jouer de notre corps.

Rien n'est pire, pour votre bonheur,

Qu'un vampire, suçant votre coeur.

Sous toutes ses formes surnaturelles

Il sera comme la belle;

Et nous serons à l'appel

Toutes les nuits de son règne.

Rien n'est pire, pour votre bonheur,

Qu'un vampire, suçant votre coeur.

Prophétesse du carnage, la rage

Illumine ses tristes yeux

Quand il doit prendre le sang des pieux

Trop sûr d'être sages.

Rien n'est pire, pour votre bonheur,

Qu'un vampire, suçant votre coeur.

Personne ne le connaît

Mais tout coupable le reconnaît

Car parmi nous règnent ses avatars

Mais ce ne sont pas des bâtards!

BELLE JEUNESSE

Enfants de sang, groupes de fous

Déchiquetant avidement leurs proies

Dans un avenir toujours flou

Plein d'horribles tournois.

Ma pauvre soeur a peur des groupes,

Alors que tous veulent la prendre en croupe

Et je pleure de tous mes inutiles membres

Car à l'opinion et l'obligation je dois me rendre.

Crie donc, nous sommes seuls

Pleure donc, tu es seule

Ne parle pas, je suis le seul

Couche-toi, tu ne seras plus seule.

SOCIETE

Un regard absent, hypocrite,

Des pleurs cachés, refoulés,

Une vie déjà prescrite:

Aucune capacité.

L'aide est présentée,

Jamais donnée,

Personne n'est réellement aidé

Car la confiance est impossible à créer:

Seule la vie est une terne activité.

PRESIDENCE

Sans aucune joie,

Je suis devenu le roi

Reflet d'un ancien moi.

Mais maintenant

Je perds mon temps

Avec de petites gens

Amoureux du nouveau sang.

Les années s'envolent

Dans les réformes molles

Contre les révolutions folles

Engluées dans les billets de colles...

LA LOI

Notre reine s'adresse à moi

Et de sa main nonchalante

M'oblige à énoncer la nouvelle loi

Interdisant que je mentes

Hé, oui! Moi le prince de l'espoir

Je dois tenir mes promesses secrètes

Mes luisances dans le noir

Et même le tintement de mes piécettes!

La reine en a décidé ainsi

Après avoir bien compris ma convoitise pour son trône

Et la perte des valeurs qu'elle prône...

Je dois vous dire la vérité maintenant

Afin qu'en mon nom l'on ne répande plus le sang:

Voilà, je n'apporte rien que vous n'ayez déjà,

Si ce n'est rages, désespoirs et petites joies...

Moi, le prince, Moi, l'argent,

Moi, le beau billet, Moi, le lingot d'or,

Je déclare à tous ces gens

Honnêtement ce que réserve mon sort:

Je ne vous donnerais pas la mort...

Je vous réserve bien pire

Car en vous va éclore

Ma malédiction... Comme moi, vous serez Vampire!

INACTIF prêcheur

Comme le serpent glissant doucement,

Le diable s'immisce dans nos rangs

Répandant les pensées du mauvais

Sous toutes les formes qui lui plaît.

Comme les cieux s'imposant

Le Dieu commun résultant

De toutes les lois de l'esprit

Qui aident les affaiblis

Comme l'homme montrant l'humilité

Notre égal commun incarne l'amitié

Qui permet tous les bonheurs

Cachés par les divins leurres.

La Vue

_" O poète, révèle-nous la beauté,

Nous ne voulons plus de banalité!"

_"Regardez donc votre vie d'un oeil vif

Voyez vraiment combien vous êtes riches:

Chez vous se terrent joie et tristesse,

Femme, enfants vous remplissent de liesse

Pourtant vous ne voyez jamais rien

En détournant votre regard du bien."

Notre mal.

Gloire a toi,

Au plus profond de l'humanité,

Que ton nom soit oublié,

Que ton règne ne soit plus éternel,

Que nos volontés puisse te dominer sans peine

Comme si nos forces n'étaient pas vaines.

Oublie-nous donc un jour

Et nous t'oublierons pour toujours,

Tu n'excuses aucune de nos offenses

Et encore moins ne leur donnes un sens.

Ne nous soumets pas à la tentation

Mais délivre-nous de tes idées si belles.

A jamais, non!

POESIE

O poésie d'un monde oublié,

Réconforte le pèlerin fatigué,

Perdu dans un chemin sans retour,

Il te demande le réconfort d'un jour.

Ainsi va la peur l'angoisse et le vice,

Entouré seulement de complices,

Il vit pour faire mourir la société.

La légende de celui qui chantait

Dans nos âmes cloisonnés résonnait,

Et nos coeurs tout éplorés en criaient,

Mort ou vie, peu lui importait, il chantait!

Notre père.

Je dois vous parler une fois encore

Sans pouvoir vous connaître d'abord

Car de nouveau je ne peux plus rien faire

A cause du désordre de l'univers.

Alors devant vous, j'expose mon existence

Pour qu'un jour, j'y trouve un sens...

Pourtant, aucune requête ne devrait vous être adressé

Car vous avez tout un univers à gouverner.

O MA CHERE

Je pars en voyage

Espérant devenir enfin sage

Je vais dans l'inconscient sauvage

Pour y trouver les paysages

Des mes soudaines rages

Et prévoir mon temps volage.

Je ramènerais dans mes bagages

La solution de tous les âges

Bientôt inscrites dans ces pages

Que tu garderas en gage

Pour ne plus que je m'enfuisse de ta cage...

L'EGOISTE MORT.

Une planète parmi tant d'autres,

Un homme parmi tant d'autres,

Une pensée parmi tant d'autres,

Un mort parmi tant d'autres.

Devenu plus froid que la pierre

Mon ami sans vie repose enfin

Dans son mystérieux cimetière

Où il sera libre de tout acte vain.

Moi qui pleure cet être cher,

Moi qui compose ces vers,

Je ne fais que penser à moi

Comme si ma vie avait plus de poids.

Le soir arrive et moi aussi je meurs,

Maintenant, il ne vient plus de pleurs,

Un voile s'étend sur mes pensées,

Occultant mes dérisoires facultés.

Qu'ai-je donc fait, O seigneur?

Suis donc sans horreur?

Non, Pourtant sereinement j'attends ma fin,

Car oublier n'est pas vain.

PEUT-ETRE.

Sous le vieux chêne du jardin pleure ma fille,

Dans la chambre de son jeune fils maman pleure,

Dans le salon papa, assis, je pleure,

Sous la vieille terre du cimetière est mon fils.

Ce n'est pas une victoire involontaire

Il est parti, sûr de lui, comme un étranger,

Sans même avoir fini son grand inventaire,

Sûr de son acte, tenant de son père sa fichue fierté.

Il n'existe plus de silence pour nous tous,

Car il est devenu plein de sens,

A jamais, nous avons perdu ce combat-là,

Mais le temps nous aidera à en gagner d'autres...

QUELQUEFOIS.

Souvent je ne sais plus

Souvent je suis sans vue

Souvent je suis nu

Comme si je n'avais jamais su.

Alors je pleure sur mes horreurs

Alors je retrouve mes vieilles peurs

Alors je contemple les longues heures

Comme si j'avais trop de coeur.

Parfois je sens mes belles muses

Parfois je vois le bonheur qui fuse

Parfois je sais que je m'amuse

Comme s'il n'y avait plus de ruse.

LA TENTATION.

Couche-toi ici, tu ne peux plus rien

Pourquoi continuer? Dune après dune, tu te meurs.

Seul>

Aventurier fou, oublie le goût du bonheur!

Visions, douleurs et désespoirs

Voilà tout. Pourquoi ne pas renoncer,

Chercher la douce chaleur du soir,

Le sommeil béni d'une mort désirée.

« Seul, perdu, brûlant sous l'infâme soleil,

Sans eau, j'espère subsister

Pour vivre connaître et aimer,

Conscient de l'inquiétude de mes pareils. »

Voix enchanteresse de l'homme pour l'homme

Rêve comblé par la simplicité du fou

Ainsi va l'aventure de l'homme

Qui rend le bonheur plus fort que tout.

Visions du vent.

Quelquefois dépourvu d'inspiration,

Perdu au milieu des créations

Je m'avance humblement

Sur les mille chemins du vent

Et alors surgissent les visions

D'un temps sans sons,

Et je m'étonne de la violence

De nos sensuelles existences.

INSPIRATION.

Phélymène, gouvernante de mon esprit,

De toutes mes fiertés tu te ris

Étendu devant toi je suis soumis

A tous ces caprices te rendant si jolie.

Céleste, attirante à souhait

Laisse-moi boire de ton superbe lait

Répandant ainsi ta belle paix

Sur de pauvres enfants qui n'ont rien fait.

Vénus, toi qui peut éveiller en moi

Tous les instincts réprimés par les lois

Procurant pourtant de belles joies

Dans l'union et les sensuels débats.

Ma Muse, tu es la seule que j'aime

Vénus, Céleste et Phélymène

Ne peuvent me donner tout ce que tu sèmes,

Tout ce qui fait de moi un homme sans peine.

PIPE FUMANTE.

Dès que je me sens dégoûté

Je sors le chaudron brûlant

Qui réchauffera mon sang

Pour que viennes alors toutes les idées

Par les hommes toujours cachées

Derrière des illusions de société

Alors je regarde les gens

Défigurés par le vent

De la tornade aérée de mes pensées...

DESOLE, FILLETTE.

 petite fille, ô fragile beauté,

Viens que je te lave les pieds,

Que j'entende ta douce voix

Sous l'ombre de ton inépuisable joie;

Je voudrais pouvoir te souhaiter

A jamais aussi heureuse de rester,

Je voudrais pouvoir croire

A l'impossibilité de broyer du noir,

Mais ton visage enfantin

Ton beau rire cristallin

Seront souvent banni

Par la tristesse de la vie:

Ton coeur souffrira,

Tu nous haïras

Nous, tes anciens

De ne pas avoir fait assez bien,

Et avec tes amis tu nous oublieras,

Avec tes amis, tu aimeras,

Et tu connaîtras la joie de vivre dans l'amour,

Et tu ne feras pas assez bien à ton tour,

Car entre la Cause et la Guerre

Entre l'été et l'hiver

Il y a le bel amour

Qui aux autres nous rend sourd...

Songe d'un enfant seul

La chaleur du bien-être monte doucement en moi;

Mes yeux me brûlent et mes pensées se changent

En images floues et lentes, pleines de grandes joies

Qui éclipsent l'horreur par le plus beau songe.

Mon rêve se monte petit à petit

Pour que viennes à moi une nouvelle vie

Peuplée d'abondances, d'aubades et de plaisirs

Plongés dans un bain éclatant de myrrhe.

Là, un immense trône se dresse au milieu

De colonnades, au sein desquelles chantent

De gigantesques flammes chatoyantes

Répandant des lumières de gens heureux.

Sur cette grande place, des milliers de danseurs fous

Savent évoluer avec les plus grandes beautés,

Dispersant autour d'un énorme trou

La symbolique harmonie du tout.

Mais des tambours retentissent avec fracas

Pour annoncer l'arrivée d'un messager

Qui laisse l'angoisse s'imposer

Avant d'annoncer

Que je suis maintenant le Dieu

Pouvant recréer le feu

Animant cet univers

Peuplés de rêves à faire.

MILIEU

Prenons un chat, plutôt noir,

Avec des yeux brillants le soir,

Dessinons-lui un fauteuil profond

Où toujours il sera blotti en rond.

Prenons des meubles, anciens de préférence,

Avec des angles défiant les sens,

Dessinons-leur une chambre luisante

Où même leurs ombres seront rutilantes.

Prenons une entraînante musique,

Avec de beaux sons harmoniques,

Dessinons une belle boîte aux angles ronds

Où de petits danseurs s'agiteront.

Maintenant, dans cette petite chambre attendrissante

Amenons celui qui préoccupe nos attentes,

Celui à qui nous devons toutes les concessions

Nécessaire à son éducation.

Ah... Charisme chantant des enfants

Entourés de bons parents,

Tu es l'exemple sacré

Du bonheur tant espéré!

...

Un poème me rappelle

Ma tendre enfance

Sans aucun sens

Mais toujours si belle...

Toujours mélancolique

Je me rappelle les pleurs

Et les rires versatiles du bonheur

Toujours si magnifique...

 beauté de l'innocence,

Étais-je donc si naïf?

Depuis, mon esprit vif

Du mot « tromper » m'a donné le sens...

SOURIRE D'ENFANCE

Quand j'étais encore jeune et intrépide

Plein d'amour pour tout le monde et plus encore,

Je ne m'endormais qu'avec ma peluche d'or,

Mon assurance de sommeils jamais timide.

Ce mou compagnon, insignifiant en lumière,

M'a toujours rassuré dans les ténèbres profondes

Où toutes les ombres sont d'effrayantes serres...

Sitôt oubliées quand il cache ma tête blonde

Avec ses belles pattes de pur velours

Qui me dévoilent au matin un nouveau jour.

Mais depuis, j'ai grandi, et je l'ai oublié

Au fond d'un placard rempli>

Alors je me demande aujourd'hui

Si

Mes nouvelles nuits

Sont aussi tranquilles...

Car ma peluche dorée

Tout à l'heure retrouvée

M'a semblé sourire

A ce qu'elle a du lire

Dans mes yeux

De vieux peureux.

AMBITION BIZZARE.

Un bourdon étrange se pose sur mon bras

Et c'est tout mon corps qui devient las

Pourtant ce petit-là ne mérite pas un tel combat

Car il n'est rien devant moi.

Et voilà qu'à moi vient un chat

Je suis pourtant loin d'être un rat

Alors pourquoi venir chez moi?

Mais qu'est-ce que cela?

Voilà donc que se pointe un roi,

Il a donc compris: je ne suis pas un fat!

Inconnue.

Viens a moi, beauté,

Laisse-moi te contempler,

Pénétrer tous tes secrets,

Car je veux t'épouser a jamais!

Rouge.

Quand côte a côte,

On s'étend dans la faute,

Et réchauffés, réconfortés,

On se perd dans la nudité,

On s'aspire dans l'ire,

On s'aime, on s'étire...

Pour que viennes le moment

Où l'on répand le vrai sang.

PARI

Dans ce jugement dernier

Que le monde entier a décidé

A force de ne plus s'aimer

Et de préférer la pure vanité,

Il suffit de vous sacrifier

Sur l'autel du viable

Sans signer le pacte du diable

A qui tout le monde sait se fier.

Mais quand les pas de dragons résonneront

Quand les trompettes du ciel sonneront

Et que vers vous glisseront les tueurs,

Parierez-vous que vous n'aurez pas peur?

JEU DE GLOBES.

Un petit bébé inexpérimenté

Tient dans ses mains veloutés

Le globe délicat de la terre:

C'est le maître de l'univers.

Comme tout enfant curieux,

Il la tourne et la modèle

Pour qu'elle soit belle.

Ainsi, il est heureux.

Mais bien vite, il s'ennuie

De ce globe bien dur à former

Et avec un peu de doigté,

Réduit en bouillie

Nos si précieuses vies...

Silence saisonnier.

Après la fureur de l'été accablant

Vient la douceur automnale du vent

Dispersant les feuilles fatiguées,

Cadavres sentimentaux à vite oublier.

Et toutes les douces âmes

Secrètement l'acclament,

Même celles de ces femmes,

Qui, d'habitude,

Se pâment dans leur volontaire turpitude.

Voila les belles

Qualités

De la saison

A célébrer

Sans raison

Avant le gel.

VISAGE.

Troublante forme mouillée

D'où sort le bel océan

De tes yeux bleus

Où baigne ta magnificence...

Tu te demandes le sens

De ces vers si pieux,

Piètres élans

De poète émerveillé?

C'est pour célébrer

La beauté du vent

Oubliée des gueux

Éperdus d'existence...

Concupiscence.

Viens ici, Reine de mes envies,

Viens régner sur toute ma vie,

Car jamais je ne pourrais t'oublier,

Alors viens m'embrasser...

Un jour où la pluie et le temps

Ne seront plus jamais changeants,

Un jour où le bonheur des gens

Restera à jamais constant,

Peut-être tu ne seras plus,

Peut-être quelques-uns t'oublieront.

Instinct de survie, instinct des rues,

Force des mauvais, désir des bons,

Tu nous abaisses.

L'insoluble supériorité...

Baignant dans les fleurs parfumantes,

Exposant voluptueusement son corps et ses forces,

Induisant les yeux à suivre ses pentes,

Elle les mènera dans la noire fosse.

Corps célébré à foison,

Jamais ils ne t'oublieront,

Et encore moins ce plaisir de roi,

Que tu leur accordes parfois.

Pourtant, ils te méprisent,

Ils se vantent d'imaginaires prises,

Et seuls quelques-uns te reconnaissent

Comme différent d'une paire de fesses.

ATTENDS-MOI.

Viendras-tu un beau jour,

Viendras tu m'aimer

Un beau soir d'été,

Me rassurer pour toujours?

Souvent je te pleure,

Je crie mon désespoir,

Je me fais horreur,

Seul, dans le noir.

Pourquoi toujours attendre

Ce jour tant désiré,

Tant de fois imaginé,

Où d'un regard tendre,

Tu me feras aimer

L'inconsciente humanité,

La folle vie

De la nuit...

LA VICTOIRE.

Je sens en moi monter la joie,

De toutes mes victoires, c'est la plus belle.

Toujours, il faut des vassaux à un roi,

Mais ici, il n'y a que moi et elle.

Ce fut le plus beau de mes combats:

La peur, le doute furent mes compagnons.

Pourtant, c'est avec une grande joie

Que nous nous sommes trouvés dans l'union...

Mais, nous n'étions pas encore heureux.

Bientôt, le doute et la peur resurgissent.

Et l'attente fut encore pire.

Mais de nous naquit enfin l'Enfant victorieux!

Sérieux

Le sable s'écoule sinueusement

Comme un temps qui attend

L'arrivée des longues unités

Qui ne font que renforcer

Ces petites vies

Où l'on gémit...

Alors, chantons, buvons

En l'honneur d'Apollon!

Amusons les romantiques,

Étonnons les sceptiques,

Détruisons les philosophies,

Au nom sacré de la vie!

Illusions? Allons bon,

La vie est illusion.

ARMEE.

Cloches sonnant

L'arrivée des armées

Victorieuses et joyeuses,

Enfant criant dans les rangs

De voir Papa enfin là,

Vieux peureux heureux de se rendormir;

Le cortège impressionnant de soldats fatigués par leur solitude

S'arrête enfin sur le bord du chemin trop étroit pour eux

Espérant autre chose que de simple vivats de ces rats,

Mais voilà l'ennemi déjà là,

Suivi d'un long combat,

Où l'on mourra

Sans vivats.

Car cloches, enfants, vieux s'apprêtent à accueillir;

Les autres soldats sont de faux souvenirs

Des rats sans droits

Mais libres, fier, courageux

Beaux et de ces rares bienheureux...

MODERNE.

Longue allée pleine de pleurs

Resplendissant de ses mille horreurs,

Allée bien ordinaire comme il y en a cent,

Impressionnant les vivants,

A chaque pas gît l'infâme

Où un jour chacun se pâme,

Et où les morts vidés de leur sang

Ignorent toute idée de suaire décent,

Tu es la voie d'aujourd'hui,

Pleine du venin de la compétitivité

Et à jamais vide d'amitié,

Pourtant nécessaire à la moderne vie...

Que se rétablisse en nous le sang

Animant nos grands ancêtres

Envoyé depuis longtemps paître

Dans des musées peu flamboyant...

PRISONNIER.

De toutes les absences,

C'est celle de l'existence

Que je regrette vraiment,

Car mon futur vacant

N'est plus le temps

Que je menais tranquillement:

Devant moi s'étend un trou

Se voulant ma destinée

Mais je ne suis pas fou

Je refuse alors, gêné

Par toutes mes peurs

Que chaque jour je pleure;

Devant un miroir

Je ne vois qu'un trou noir,

Alors que les autres me voient

Sans penser que je me noie

Mais viendra un jour béni

Où je parlerais avec un ami

De ces durs temps

Tout en rigolant...

Mais d'ici la

Je guette l'ami

Qui me parlera

D'autre chose que de sa vie.

Directitudes.

Critique-moi

Toi

Le bourgeois

Toi qui sans cesse te remplit

De toutes ces immondices sans goût

Toi qui oublie

Si vite tous tes torts

Toi qui es si fort

Toi qui n'es jamais fou

Toi toujours plein de vie

Et Jamais ne se reproduit!

Encense-moi

Toi

L'ouvrier

Toi qui dit tout aimer

Alors que tu veux plus que l'égalité

Hé, oui! Tout ce que tu désires

Réside dans la bourgeoisie

Pourtant pour toi, il n'y a rien de pire

Mais tu voudrais tant être fortuné...

Jettes-toi

Toi

Le poète

Toi qui doit aimer, voir et souffrir

Toi qui ne sait que critiquer

Où te noyer dans la beauté

Laisse tout tomber

Ici, Il n'y a que l'hypocrisie...

Personnalité.

Alcool

Nectar divin et commun

Ouvre donc le chemin

Des idées frivoles...

Mais qui es-tu?

Personne, car celui qui sait

Meurs la tête pleine de plomb...

Ne riras-tu jamais?

Le jour où nous oublierons

Nos si précieux abcès...

Écoute-donc ma belle histoire

Et tu comprendras mon avoir:

« Sous le rideau de velours pâle

Emblème de richesse et d'opulence

S'étend dans la magnificence

Un chétif petit animal

Une bougie l'éclaire avidement

Le rendant rouge sang.

Cet animal, de peur ne cille

Que devant ce qui brille

Le rideau l'attire et le caresse

Mais la bougie le transforme et l'agresse! »

LE BONHEUR DE TOUJOURS.

Seul, je me baigne dans l'absurdité salissante

Où nagent ces créatures, horreur et mort,

Assoiffés de pauvres hères, oublié de la belle gente;

Ceux-là meurent vite de sécheresse humanisante.

Entouré d'amis, nous sommes tout intimité

Plein d'attention, de longues discussions et d'amusements

Peuplés d'heureux souvenirs, bizarres moments;

Ceux-ci oublient le temps et l'autre humanité.

Rempli>

Heureux à tous les instants près de la belle,

Elle-même étonné de ces grands sentiments;

Ils sont heureux jusqu'au bruit de la mortuaire pelle.

KRYSTANE.

«  ma reine, je vous prie de bien vouloir m'écouter

Car le peuple se meurt, les sages déjà sont partis.

Il ne reste plus que les fidèles et les dévoués...

Une terrible catastrophe, ô Reine de la vie!

_ Tes doléances ne m'intéressent pas,

Vil chien des rues, retournes dans ta tanière

Que je n'ai pas à user de mes rapières!

Tout ce que je veux, je l'aurai, je fais les lois ici-bas! »

Par Sa folie du pouvoir

Elle a tué sans même le voir...

Mémoire, MERE DU DESESPOIR.

Je te hais, muse inutile

Jouet de l'homme habile

Sans dignité, qui à toi,

Se soumet, paysan comme roi!

Je voudrais t'assassiner

Te massacrer sans peine;

Car dans tes mains dorées

Je me blottis, halluciné par ta beauté.

Toujours Tu brilles

De ta lumières noire

Pour que l'on écrive sous ta lueur trop vive

L'ode à la mort absurde,

Liturgie de la turpitude.

.

L'ennui de l'attente omniprésente.

Mornes pensées peuplant les moments

Pendant lesquels nous nous rongeons les sangs

Sans cesse, jusqu'à la venue du serpent

Celui qui inquiète même le plus innocent

Pourquoi donc devons-nous attendre?

Chacun connaît l'envie inssasissable d'agir

Au risque de rencontrer sa majesté le pire,

Ou d'être celui qui se prépare à se pendre...

Glissement incontrôlable du rêve

Poussant nos idées vers l'oubli>

De nos seuls moments de trêve

Vide de sens et si peu viable...

Vois, devant toi, cet ennui

Qui, tous les jours, te poursuit

Sans cesse, et brise ta vie,

Jusqu'a ce que, tout soit pis ou tant pis!

Noire volupté de la vie actuelle

Remplissant nos évolutions éternelles,

Tu es amour, attente de toujours,

Tu es bonheur, attente pleine de leurres,

Vois devant toi le temps, et sois patient...

EXCLU-VISONS.

Voila le vaisseau enflammé

qui luit dans le sombre miroir

De l'océan insoupçonné

De nos peurs du soir.

Quand le sombre équipage

descend lourdement sur le rivage,

Tous les chefs de la tranquillité

Montrent distinctement leurs lâcheté.

Seul, debout, sans armes,

Reste le poète, le fou, l'artiste

Qui n'est jamais défaitiste

De par sa vision atroce des jours sans larmes...

INVITATION

Alors que chacun cherche a se rassurer

Dans notre aventure dénuée de sens,

Alors que chacun perd son innocence

Pour accéder à sa petite vérité,

Les autres vivent dans l'amour, le vin, le sexe,

Dans une réalité où chacun se vexe,

Puis brise les illusions du bonheur

Pour que disparaissent ces fards d'horreurs,

On souffre, on pleure, on rit, on jubile,

On s'amuse des plaisirs les plus vils,

Chacun s'abîme dans un puits sans fond,

Ou s'adonne à d'hypothétiques passions.

Si un jour ces brouillards s'éclaircissent,

Alors replonges-toi vite dans ta narcisse

Enivre-toi, délivre-toi, brise ta vie,

Pour qu'il n'y ait plus jamais de nuits.

Tuan Kuranes